[Revue roman] Entremonde • Neil Gaiman & Michael Reeves

Publié le par Ahrell

J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque un peu par hasard, parce que je voulais essayer de lire un roman de Neil Gaiman - le seul que j'avais déjà lu de lui étant co-écrit par Terry Pratchett (De Bons présages). Le rayon SF de la bibliothèque que je fréquente étant relativement restreint, le seul que j'ai trouvé était aussi un ouvrage co-écrit, mais le pitch avait l'air intéressant donc je me suis lancée. Et je suis ... Mitigée. La critique en bref :

Première parution : 26 juin 2007 (VO) / 28 octobre 2010 (VF) • De Neil Gaiman & Michael Reeves • Ma note globale :  ★★★

J'ai lu l'édition Au DIable Vauvert (2010)

Adolescent banal, Joey Harker n'a pas grand chose dont il doit se soucier, si ce n'est le fait qu'il est absolument incapable de se repérer dans l'espace. Son sens de l'orientation est tel que, lorsqu'il se retrouve largué dans sa propre ville avec deux camarades de classe et sans carte in téléphone par son professeur d'histoire-géo pour un exercice d'orientation, il finit par se perdre. Après une rencontre déstabilisante avec une fille ressemblant trait pour trait à sa camarade de classe, il décide de rentrer chez lui en bus ... et se rend compte que quelque chose cloche.

Les rues dans lesquelles il marche semblent appartenir à un autre univers. Des petits détails lui paraissent incongrus mais sans qu'il puisse mettre le doigt dessus. Et c'est quand il arrive chez lui que les choses se précipitent. Sa mère ne le reconnaît pas, et une fille qui pourrait être sa jumelle apparaît - sauf qu'il n'a pas de jumelle. Joey s'enfuit, et il est intercepté par deux individus étranges se déplaçant sur des engins volants, avant d'être capturé sur un bateau volant par une femme aux pouvoirs magiques, un homme-méduse et un autre tatoué de la tête aux pieds.

Un garçon entièrement recouvert d'un costume argenté le délivre, et Joey découvre grâce à lui qu'il est un Marcheur : il a le pouvoir de voyager entre les différentes réalités de l'univers. Et dans toutes les autres réalités, d'autres Joey Harker - des filles, des mutants, des gros, des moches - possèdent le même pouvoir. Leur but commun : protéger l'univers de deux organisations qui veulent en prendre le contrôle.

Le pitch du livre avait l'air franchement cool quand je l'ai lu : les histoires de réalités alternatives, de mondes parallèles et tout ça, je trouve ça super intéressant. Et puis vu que j'avais déjà lu un livre co-écrit par Neil Gaiman, je me disais que ce serait forcément bien. Au final ? Bah c'était pas mal, mais sans être super, ni nul. C'était moyen en fait.

Je vais commencer cette critique par l'élément principal de l'histoire, à savoir le personnage de Joey. C'est un adolescent banal à qui arrive tout d'un coup un truc de dingue. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que, si au début il est complètement perdu - et je peux le comprendre - et qu'il ne comprend rien, il accepte son destin sans sourciller. On lui dit "hey, t'es un Marcheur, tu dois sauver l'univers, tu viens avec nous", il y a une ellipse, et on retrouve Joey en plein dans sa formation de Marcheur. Du coup c'est vraiment perturbant, parce qu'on ne sait pas comment il a prit la séparation avec ses parents, son lycée, toute sa vie. Alors certes, c'est un livre de science fiction où, au final, la séparation avec sa vie d'avant n'est franchement pas l'élément le plus perturbant, mais quand même.

Tout au long du livre, Joey est agaçant. Pas agaçant "j'ai envie de le frapper" toutes les trois lignes, mais il est juste très lourd. Le livre est à la première personne, et on a donc toutes ses petites répliques inutiles qui n'ont rien à voir dans l'histoire. Je n'ai pas d'exemples en tête, mais j'ai trouvé la lecture molle à cause de ça.

Et au niveau de l'écriture, c'est loin d'être la chose la plus énervante. Il y a un nombre incroyable de mots et de phrases que je n'ai pas comprises. Je suppose que c'est normal puisqu'il est question de magie, de science et d'univers parallèles, mais c'est vraiment très frustrant d'enchaîner les phrases où on ne comprend strictement rien. Au début, l'avantage, c'est que Joey est aussi perdu que nous puisqu'il n'y connaît rien. Mais après, les personnages débattent sans qu'on puisse saisir vraiment le sens des phrases. Encore une fois, c'est de la SF et c'est très sûrement normal de n'y rien comprendre, ça nous fait comprendre qu'on parle de chose que les gens "normaux" dans le livre (donc les gens qui ne sont pas des Marcheurs) et donc les lecteurs ne peuvent pas saisir. De ce côté, je trouve le concept intéressant. Mais ça aurait été intéressant même s'il y avait beaucoup moins de références incompréhensibles. Si ça avait été quelques phrases par-ci par-là, ça ne m'aurait pas dérangée, mais là, c'était trop.

De la même manière, il y a beaucoup d'éléments qui ne sont pas du tout expliqués dans le livre. On arrive à la fin du roman en se disant "et donc ...?" et on n'a pas de réponses. Je ne vais pas spoiler le livre, mais c'est vraiment un sentiment de frustration que laisse ce roman à la fin de sa lecture. Il y a plein de questions que j'ai qui ne trouveront visiblement pas de réponse - à part peut-être si je lis la suite un jour mais je ne suis pas persuadée de vouloir tenter l'exercice.

Mis à part tout ceci, c'était quand même une bonne lecture. C'était long à démarrer, mais arrivée à un peu plus de la moitié, je voulais savoir ce qui allait se passer. Le monde qui a été construit dans ce roman est vraiment intéressant, j'adore l'idée que tous les personnages que l'on croise une fois Joey arrivé à la Base - le quartier général des Marcheurs, en gros - soient des versions alternatives de lui. Le seul truc, c'est que je veux bien croire que ce soient des versions alternatives, mais ce serait bien qu'ils aient des caractéristiques communes, parce que le seul élément commun qui nous apparaît, c'est que Joey arrive à chaque fois à se retrouver physiquement dans leur apparence. Ca aurait pu être quelque chose à creuser qu'ils aient tous un trait caractériel commun autre que d'être des Marcheurs mais bon.

Au niveau de l'intrigue, c'est assez bateau on va dire : le gentil est attrapé par les méchants, il est sauvé, après il doit sauver le monde. Bon, ça casse pas trop pattes à un canard mais c'était tout de même plaisant, il y a des rebondissements et ça donne envie de lire la suite. En fait, je pense que ce qu'il manque le plus dans ce livre, c'est qu'il s'est arrêté en chemin d'une certaine manière. Il y avait plein de bonnes idées, plein de choses à exploiter, mais j'ai ce sentiment de frustration dont j'ai déjà parlé par rapport à Joey et à l'écriture se retrouve aussi dans le roman et son univers. Et c'est vraiment dommage, parce qu'il y aurait vraiment beaucoup de choses à exploiter dans cet Entremonde.

Cette critique était peut-être plus vide que d'habitude, mais je trouve assez difficile de parler de ce livre sans le spoiler. Après, est-ce que je vous le recommanderai, je ne suis pas persuadée : je pense qu'il faut vraiment être un fan de SF pour apprécier ce livre à sa juste valeur, et je n'ai peut-être pas assez l'habitude de lire de la SF pour en profiter. Mais ça reste un livre qui se lit assez facilement.

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